Alors qu’il vient tout juste de remporter son cinquième bracelet WSOP, Jeff Lisandro a livré une interview à PokerPlayer. Satisfait de sa victoire, il se dit aussi écoeuré par la communauté du poker. Confessions d’un grand joueur qui n’hésite pas à parler franchement.

PokerPlayer : Quatre bracelets en deux ans, vous devez être aux anges ?
Jeffrey Lisandro : C’est génial. Vous pouvez passer dix ans sans gagner un seul bracelet et je viens d’en gagner un cinquième.

PokerPlayer : Le heads-up contre Jo Serock a été passionnant à regarder. Qu’en avez-vous pensé ?
Jeffrey Lisandro : C’était très intense. Il a parfaitement joué et ne m’a pas laissé de répit. J’étais extrêmement concentré, c’est ce qui a fait la différence selon moi.

PokerPlayer : Vous semblez visiblement heureux de votre victoire. Et pourtant, vous avez été très clair sur le fait que vous ne vous vouliez plus vous adresser aux médias. Pourquoi ?
Jeffrey Lisandro : Je n’aime pas les gens qui se servent de mon image pour promouvoir le poker.

PokerPlayer : Qu’est-ce qui vous a rendu si aigri envers la communauté ?
Jeffrey Lisandro : J’ai passé quelques années à essayer de promouvoir le jeu et n’ai rien obtenu en retour. Je ne veux pas être instrumentalisé, ni par les sites internet, ni par personne. Cela fait partie de mes principes. Je pourrais les transgresser à l’avenir mais certainement pas pour le moment. J’ai tout donné pour le monde du poker, livré une centaine d’interviews et pourtant je n’ai rien eu en retour. Absolument rien.

PokerPlayer : Mais vous avez accompli tant de choses, gagné plus de bracelets que quiconque au cours des dernières années. Vous n’avez pas envie de partager tout ça avec le monde du poker ?
Jeffrey Lisandro :Eh bien, je l’ai fait. L’année dernière, je me suis rendu à 20 interviews et j’ai pris 3 jours de congés pour réaliser des photos en studio. A un moment, j’étais épuisé et j’ai donc refusé une interview sur la centaine que j’avais donné. Vous vous doutez de la publicité que le media en question m’a fait ensuite… C’est très représentatif du monde du poker actuel. Et je n’aime pas la voie qu’est en train de prendre ce jeu.

PokerPlayer : Vous arrivez encore à apprécier le jeu lui-même ?
Jeffrey Lisandro : Evidemment, j’aime ce jeu. Mais, quand vous vous asseyez à une table finale et que le commentateur demande « qui aime ce gars ? » et « qui aime celui-là ? », ça me dépasse. Feraient-ils la même chose pour la finale de l’US Open de Tennis ? Je ne veux pas être le mec qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Je ne veux pas faire partie de ce cirque…